P D'ASSIGNIES
Diner conférence du 27 février 2003 des épouses des Rotariens.
Histoire des trois fils et du Soufi
« Un jour, dans un village près du désert, un homme meurt. II laisse à ses trois fils l'héritage d'un troupeau de chameaux. En pleurant, ils lisent son testament rédigé en terme très précis: à mon aîné, je donne la moitié du troupeau, il le mérite bien; à mon second, je lègue le tiers du troupeau; enfin, à mon dernier garçon, encore tout jeune, je laisse le neuvième du troupeau.
Perplexité des fils car le troupeau en question compte dix sept chameaux. Devant la difficulté du problème, les fils vont voir le Soufi et lui soumettent les demandes paternelles. Le Soufi se gratte la tête et les invite à revenir le lendemain matin. Le lendemain matin, il les attend avec près de lui
une bête de son troupeau qu'il leur confie. lis rentrent au village, ajoutent le chameau du Soufi au troupeau paternel et l'aîné emporte aussitôt 9 chameaux, le second en prend 6, le benjamin en garde 2 et ramène au Soufi le soir même, le chameau qu'il leur a prêté en le remerciant chaleureusement ».
Ainsi vont les histoires et les métaphores. Nous disposons d'un merveilleux outil pour inventer des problèmes et pour les résoudre : notre cerveau.
Avez vous remarqué les différents cadres de notre histoire : un homme qui meurt prés du désert difficile de ne pas voir une image d'actualité ; et les trois fils vivant leur droit d'aînesse à leur manière ; et aussi le petit ingrédient qui change tout: le chameau ajouté. II ne semblait pas appartenir au cadre du problème et, en déplaçant légèrement le cadre, une solution apparaît.
Un cerveau en développement permanent
Le jour de notre naissance, nous possédons un réseau interconnecté de 15 milliards de cellules notre cerveau, un organe aux qualités extraordinaires. Dans l'hypothèse pessimiste où nous perdrions 10 000 neurones chaque jour, à 80 ans nous posséderons encore plus de 97% de ce nombre initial. Mais surtout, l'extraordinaire potentiel de notre cerveau vient d'ailleurs : chaque neurone est relié aux autres par plusieurs centaines de connections qui s'établissent naturellement. II reste la possibilité, pour chacune de ces cellules cérébrales, de tisser des centaines, voire plusieurs milliers de liens nouveaux avec les neurones environnants. Or, les neurosciences ont montré que chaque nouvel apprentissage développe non seulement les zones cérébrales spécialisées dans ce domaine mais, en réalité, touche individuellement chaque neurone, accroissant sa participation au réseau. Ainsi, le moindre changement - qu'il s'agisse, en petite dimension, de la découverte d'un mot ou d'un geste nouveau ou de la pratique quotidienne d'un instrument de musique ou de la recherche de solution à un problème professionnel complexe - provoque l'augmentation du potentiel sans limite de notre cerveau.
On entend couramment dire que nous n'utilisons que 10% des capacités de notre cerveau ; la réalité est probablement plus proche de 3 à 4% ; plus nous utilisons notre cerveau et plus nous développons son potentiel.
Toutes les disciplines qui touchent à la communication, au langage, à la pédagogie se sont profondément transformées ces 20 dernières années. Deux des mutations les plus prometteuses concernent l'état électrique du cerveau et l'intelligence multiple.
Dans le premier cas, les recherches ont porté sur l'analyse des différentes longueurs d'onde des courants électriques parcourant le cerveau ; on s'est aperçu que parmi les fréquences des différentes ondes, il en existait une, très particulière, qui accompagnait systématiquement les états de performance mentale
les ondes alpha. Ces fameuses ondes, de 8 à 12 cycles par seconde, apparaissent lors de la pratique de la relaxation ou de la méditation. Elles provoquent un état « d'éveil détendu » et facilitent considérablement tout travail mental, qu'il s'agisse de résoudre des problèmes, de mémoriser des données ou de trouver des idées nouvelles.
L'intelligence multiple
Dans le deuxième cas, les recherches ont montré qu'il existait plusieurs familles d'intelligence. A un premier niveau, on en distingue trois : l'intelligence visuelle, l'intelligence auditive et l'intelligence kinesthésique. Bien sûr, chacun d'entre nous possède simultanément ces trois types d'intelligence ; mais, au cours de notre enfance, nous avons aussi effectué, sans en être conscient, des choix qui nous orientent plus spontanément vers une de ces trois familles et cela a des conséquences extrêmement fortes sur notre organisation mentale , notre personnalité et notre « vision » du monde.
Si l'on décrit à grands traits chaque famille, on découvre ceci
Dans la famille « intelligence visuelle », on pense et on parte vite ; on « voit » quasi instantanément les réponses des questions ou les solutions des problèmes et on parle beaucoup avec le langage des images : « c'est bien clair... je m'aperçois que... ». Les dyslexiques appartiennent à cette famille et possèdent le don exceptionnel de pouvoir délocaliser leur oeil mental pour reconnaître un objet inhabituel une personne, un bibelot, une forme inconnue. Malheureusement, ils sont piégés par certains objets modernes : les mots écrits (images) qui n'ont pas de vraie équivalence visuelle ; par exemple les mots « le » et « la » dans la phrase « le chameau regarda la tente ».
Dans la famille « auditive », le rythme de parole est régulier et constant et, pour vraiment comprendre quelqu'un ou quelque chose, il faut « s'entendre » avec. Dans cette famille d'intelligence, on vous redit volontiers plusieurs fois les choses pour vous les faire comprendre ; on aime bien avoir raison.
Enfin, dans la famille « intelligence kinesthésique », tout va plus lentement que dans les deux précédentes. Ici, on a besoin de s'imprégner, de se sentir bien avec les gens et les choses pour les comprendre. C'est notamment la famille du sport . Pour que le monde devienne intéressant ou compréhensible, il faut que ça bouge.
Un métier nouveau, le « coaching »
Ces avancées dans la compréhension des différentes formes d'intelligence on commencé à modifier notre vision du monde. Au coeur de cette génération nouvelle, un métier à pris son essor, le métier de « coach » ou « d'accompagnateur ». L'auteur de ces lignes travaille ainsi, comme coach avec des clients très diversifiés, sportifs, médecins, managers ou chefs d'entreprise.
Nous possédons tous des ressources puissantes pour réussir dans nos projets. En même temps, des freins invisibles nous empêchent fréquemment de mobiliser vraiment ces ressources. Un bon coach est essentiellement un observateur attentif, enthousiaste et respectueux de l'univers de son client. II facilite la prise de conscience de ces freins et, une fois visibles, ils peuvent être desserrés.
J'ai accompagné, dans mon métier de coach, nombre de projets de développement personnel ou professionnel: diriger son entreprise sans angoisse, arrêter de fumer, achever un deuil, changer d'alimentation, mieux comprendre ses enfants, etc.. Etonnant de voir à l'oeuvre les dons que nous possédons sans le savoir; comme coach, je suis souvent le petit coup de pouce qui fait la différence.
Ces ressources inconscientes que le coach apprend à mobiliser, elles sont tout simplement le reflet des capacités de notre cerveau (notre carte du monde) : un potentiel sans limite, disponible et qui augmente avec l'âge.